Année décisive. Le Portugal ne se laisse plus faire. Depuis 1926, la dictature règne. Elle étouffe, elle terrorise, elle opprime. Le monde de Salazar et de Marcelo Caetano touche à sa fin. Le 25 avril 1974, c’est la Révolution.
La dictature et les guerres d’outre-mer
Le Portugal se retrouve, dès la moitié du XXe siècle, dans une situation socio-économique instable. Les colonies d’Afrique demandent leur indépendance, les portugais, eux, demandent la liberté et la paix.
Beaucoup de jeunes hommes émigrent clandestinement afin d’échapper à l’horreur du service militaire imposé. PS: C’est le cas de Fernando, dans la nouvelle série Netflix Gloria, qui préfère se tirer (littéralement) une balle dans le pied, plutôt que d’aller combattre.
Marcelo Caetano, successeur de Salazar, continue pour autant les combats et maintient le régime autoritaire. Les conflits font alors rage au Mozambique, en Angola, en Guinée et d’autres colonies africaines, mobilisant 800 000 soldats et un tiers du budget portugais.
La Révolution
S’en est trop. Le 25 avril 1974 à 00h30 la révolution éclate. Le général Spínola prend en main cette rébellion afin d’éviter les affrontements.
Le but n’est pas de remplacer une dictature par une autre. Il ne s’agit donc pas de faire un coup d’État mais de contraindre le dictateur Marcelo Caetano à la démission. Les conjurés se rallient dans Lisbonne et, 24 heures plus tard, presque sans effusion de sang, la victoire est acclamée. Le Mouvement des Forces Armées venait d’accomplir la révolution la plus rapide et la moins meurtrière d’Occident.
La police d’Etat, la PIDE, n’avait pas hésité à ouvrir le feu, faisant 4 morts. Le MFA, quant à lui, avait combattu pacifiquement, un œillet rouge placé au bout du canon des fusils.
Les symboles du 25 avril
Grândola Vila Morena
Terra da Fraternidade,
O povo é quem mais ordena
Dentro de ti, ó cidade… »
« Grândola, ville brune,
Pays de Fraternité,
C’est le peuple qui commande
Ici, oh cité »
Dès lors que la station radio Rádio Renascença diffuse cette chanson de José Antonio, ce fut le signal. Le moment où tout à commencé. Le début d’une Révolution bien différente de celle que la France a connu en 1789…
Les oeillets
Sur la grande avenue de Lisbonne, une vendeuse offrit aux soldats ses fleurs de saison: les œillets rouges. Dès lors, les lisboètes se mirent communément à accrocher ces fleurs couleur sang aux fusils ainsi qu’aux boutonnières des soldats, créant ainsi un symbole portugais tout particulier.
La reconstruction du pays
Bien que cette victoire fut une réjouissance ainsi qu’une libération pour le pays, il fallut repenser son organisation.
Les prisonniers politiques furent libérés dès le jour suivant et la police d’Etat (PIDE) fut supprimée. Ce n’est que le 15 mai 1974 que Spínola devint Président de la République, instaurant un gouvernement provisoire, avant d’être substitué par le général Costa Gomes.
Les libertés furent rétablies et les négociations purent s’ouvrir avec les indépendantistes des colonies. Peu de temps après, ces nations devinrent libres: Guinée-Bissau en 1974 puis l’Angola, le Mozambique, Cap Vert ainsi que São Tomé e Príncipe l’année suivante.
Néanmoins, une tentative de coup d’Etat de Spínola en 1975 montre bien que les tendances dictatoriales sont encore présentes. Deux ans jour pour jour après la Révolution, les élections législatives permettent la mise en place concrète d’une démocratie parlementaire.
Le Portugal n’entrera dans l’Union Européenne qu’en 1986, ce qui normalisera complètement sa situation politique, économique et sociale.